La maladie provoque la solitude

J’ai été malade pendant plus de 12 ans. Mais je peux dire que j’ai vraiment commencé à constater cette solitude forcée, cette mise à l’écart, ces 5 dernières années.

Je savais que la maladie pouvait effrayer certaines personnes mais je n’avais pas conscience que cela arriverait au point de voir mon téléphone silencieux parfois pendant plus d’1 semaine.

Pas de visites, pas d’appels, pas de sms, pas de messages WhatsApp. Pas de notification Facebook ou Instagram, pas de messages Messenger. En plus comme je vivais avec ma mère, qui était à un moment, mon unique interlocutrice, cela pouvait se transformer en mois de silence….

Cela semble difficile à croire, n’est-ce pas ? Surtout de nos jours. Et pourtant je n’exagère pas. Encore aujourd’hui cela peut m’arriver mais dans ce cas je prends les devants.

C’est un véritable cercle vicieux. Quand vous êtes gravement malade, vous ne travaillez plus, vous ne sortez plus, vous n’avez donc plus de vie sociale. Plus rien à partager sur les réseaux sociaux, si ce n’est votre mal-être, votre colère, votre frustration. Plus de sorties avec les collègues, plus de sorties shopping avec les copines… Vos activités diminuent à la mesure de vos forces et de vos finances.

Personne n’aime le pauvre, même pas son compagnon, mais le riche a beaucoup d’amis

Proverbes 14:20, la Bible
Votre entourage, peu à peu, vous évite car vous devenez “trop négative”. Vous n’avez plus les mêmes centres d’intérêts.

Parce que vous n’avez pas d’autres sujets de conversations que votre état. Et parce que financièrement vous ne pouvez plus suivre le rythme, aller au cinéma, partir en voyages, faire du shopping, etc… .

Tout simplement “loin des yeux, loin du coeur”. Vous ne participez plus au sorties donc on ne vous voit plus et peu à peu…. vous n’existez plus !

Pendant longtemps, j’en ai voulu à toux ceux qui se sont éloignés, qui ont préféré ne pas être à mes côtés, ou du moins, ne pas me côtoyer. Je me suis sentie abandonnée, isolée, bonne à rien. Je ne comprenais pas comment ces personnes pouvaient m’oublier de la sorte alors que j’avais toujours été là, parfois même quand je n’en avais pas envie.

J’ai parfois essayé de discuter, de savoir ce qui n’allait pas. J’ai essayé d’expliquer que plus que jamais, j’avais besoin d’eux, de leur présence, de leur considération… mais rien à faire.

Après je leur en ai tellement voulu que j’ai décidé de couper les ponts. De ne plus prendre de leurs nouvelles, de ne plus en donner. J’ai disparu des réseaux sociaux. Je me suis focalisée sur ma famille et ceux qui étaient toujours là pour moi. Cela peut paraitre égoïste mais quand on est gravement malade, on a tellement besoin des autres, de se sentir exister, qu’on devient vite égoïste ou du moins centré sur soi. En tout cas, c’était mon cas.

Rapidement, je dois dire que mon centre amical a énormément réduit. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai vraiment très peu, mais très peu d’amis.

Mais au moins, je sais que je peux compter sur eux, dans les bons et les mauvais moments. Ce sont des amitiés solides, construites pendant ces longues années de maladie. Des personnes que je peux appeler à n’importe quel moment, des personnes qui me font rire ou qui sont là quand j’ai envie de pleurer et de me plaindre (oui oui cela peut encore m’arriver). Des personnes qui parfois arrivent même à anticiper mes humeurs (souvent changeantes je l’avoue mais ça c’est une autre histoire).

Cela ne veut pas dire que nous nous appelons tous les jours, ou que nous nous voyons tout le temps. Non, chacun vit sa vie. Mais j’ai toujours droit à un petit message, une petite attention et nos moments ensemble sont des moments de qualité.

Ces personnes prennent le temps de venir me voir (car je ne peux pas encore me déplacer librement). Elles passent du temps avec moi. Nous discutons de tout et de rien. Ce sont des moments extrêmement précieux pour moi. Ou sinon, nous passons de longues heures au téléphone (vive le kit main libre !).

Aujourd’hui, je privilégie la qualité à la quantité.
Pendant ma dernière hospitalisation, j’ai réalisé que parfois les véritables personnes qui vous aiment, vous soutiennent et sont là pour vous, sont celles qui font le moins de “bruit”. Celles à qui vous n’accordez pas d’attention mais qui pourtant sont là.

Je vous donne quelques exemples : j’ai vécu quasiment en colocation avec Marion, pendant plus d’1 an. Nous échangions très peu, nous nous parlions à peine. Mais pendant ces moments difficiles, j’ai enfin pris conscience de sa valeur, de son amitié, de sa présence et des sacrifices qu’elle faisait juste pour que j’aille mieux.

Elle venait me voir quasiment tous les jours (Paris-Cergy en voiture ou en transport, imaginez le temps que cela prend). Elle ramenait ma mère, revenait, m’envoyait des messages quotidiennement, … Une perle.

Idem pour Carole, que je connais pourtant depuis plus de 10 ans. Nous avions déjà partagé de bons moments ensemble, nous sommes même parties en vacances plusieurs fois toutes les 2. Mais c’est pendant mon hospitalisation que j’ai réalisé quelle femme et amie elle était.

Elle n’hésitait pas à faire des heures de transport pour venir me voir au moins 1 fois par semaine. Carole a même fait plus de 4h de route un week-end (Persan-Paris), juste pour moi parce qu’elle savait que j’étais seule. Elle venait avec le sourire, alors que parfois elle vivait des moments difficiles mais elle ne le montrait pas.

Ma copine Christine, n’en parlons pas. Elle a bravé son aversion de Paris en voiture et son aversion des hôpitaux. Elle aussi vivait des moments extrêmement difficiles mais elle ne le montrait pas et venait me voir et me changer les idées.

Je ne parle pas de la famille : ma mère, mon frère, ma tante et mes soeurs : Ludivine, Nathalie, Laurence qui ont mis leur vie de côté pour moi pendant cette période vraiment difficile.

Pendant longtemps j’ai dépensé beaucoup de temps. Je me suis investie dans des amitiés, des relations qui, au final, ne m’ont apporté que déceptions, discussions sans fin, superficialité (hum je ne sais pas si ce mot existe), tristesse et incompréhension.

Aujourd’hui, j’ai ouvert les yeux et je prends enfin conscience de la valeur des gens qui m’entourent. Avoir de tels amis ce n’est pas acquis et tout le monde n’a pas cette opportunité.

La solitude qu’a engendré la maladie ne m’effraie plus. J’ai appris à la maitriser, à la dompter et à utiliser mon temps.

Comme je l’ai écrit dans un précédent article (L’intégrité : la liberté), je ne cherche plus à faire plaisir aux autres et cela passe par les relations amicales. Je préfère avoir 5 amis mais savoir que ce sont des amis pour la vie, sur qui je pourrais toujours compter et qui pourront toujours compter sur moi.

Si je me sens seule, alors à moi de prendre le téléphone et d’appeler (ou texter) mes amis, les personnes qui me manquent. Je peux aussi regarder un bon film ou une bonne série, écrire (en moins de 3 mois j’ai écrit un livre de 200 pages et lancer mon blog), m’occuper d’AVVO ou de Ronde et Glamour (cf Mes activités).

Mais surtout je passe du temps avec Dieu et là fini le sentiment de solitude. Ecouter un message de 2h, méditer dessus en lisant la Bible et ensuite prier (c’est-à-dire parler avec Dieu), et bien croyez-moi, ça occupe bien vos journées. Aujourd’hui, impossible de me passer de ces moments, j’en ai besoin, c’est devenu aussi vital que respirer.

Et surtout cela me fait un bien fou car je ne cherche plus à blâmer les autres. Au contraire, je les comprends, je me mets à leur place et j’essaie d’être cette amie que j’aurai aimé avoir.

Une personne toujours présente dans les bons et mauvais moment, disponible et à l’écoute, prête à aider. Par contre, je n’accepte plus les amitiés à sens unique (bientôt un article sur ce sujet).

Oui je cherche à être celle que j’aurai aimé avoir à mes côtés quand j’en avais besoin.

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Jean 15:13, La Bible

Je me lève donc chaque matin (enfin assez souvent), en me demandant ce que je peux faire aujourd’hui pour ensoleiller la journée de mes amis et connaissances.

La maladie a donc provoqué une solitude forcée mais cette solitude m’a permis de me rapprocher encore plus de Dieu, ce qui m’a permis de reconnaitre la valeur des gens qui m’entourent et à les aimer.

Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.

Jean 13:34, la Bible

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